Le blog de elizeetjbmissionaucongo

Voyage au bout de l’enfer !

Samedi 24 septembre… c’est le départ programmé de Betou pour rejoindre Impfondo ! La piste étant mauvaise car il y a beaucoup de boue, il est préférable de partir le matin et ainsi le rendez-vous est fixé à 5h… Il est prévu de partir à deux véhicules :

Un qui est composé d’un équipage de techniciens pour entretenir les antennes mais avec une voiture louée par la paroisse d’Impfondo ( ???) et l’autre avec Denis le chauffeur du Père Lucien (celui qui était venu nous chercher pendant le périple Bangui-Bétou), deux séminaristes (Cyrille et Gaël), un inspecteur des écoles catholiques (Monsieur Didier) et un enfant de 15 ans, Gersile qui redescends vers Brazzaville pour la rentrée des classes…

Au moment de se coucher la veille au soir, premier contre temps nous apprenons qu’un bac est en panne, aussi le départ est repoussé à 8h. Cela nous donne l’occasion de prier en paroisse le matin et d’avoir un pdj normal puis débute l’attente…. Manque de chance, il fait très chaud… tous les bagages sont près et nous attendons le premier équipage !

8h, 9h, 10h, 11h…point de nouvelles de nos lascars…Entre temps radio-forêt (notre téléphone arabe !) nous apprend que le bac fonctionne… Vers midi, en plein cagnard, nos cocos arrivent… Une discussion débute car il ne semble pas très sérieux de partir si tard…une demi-heure plus, tard, le temps de charger et décharger les bagages, nous partons !! Mais sans l’équipage que nous attendions depuis 8h car ils doivent aller chercher quelqu’un !! Ils nous rattraperont !!

Bonne nouvelle, il n’a pas trop plu depuis mardi dernier lors de la visite des autochtones et la piste est bien meilleure ! Vers 14h30, nous arrivons au bourg d’Enyellé où il y a une paroisse où Cyrille, notre séminariste a passé un an d’insertion… Il prévient les sœurs par téléphone 5 minutes avant et nous sommes accueillis avec beaucoup de chaleur pour un stop de 15 minutes ! A peine assis, un verre d’eau en main arrive un plat d’antilope auquel Elize ne fera pas honneur… Le temps de rire avec les sœurs et nous voilà repartis sans oublier d’aller saluer les 2 prêtres de la paroisse au passage !

Denis nous prévient qu’il y a 50 km avant le premier bac…Nous mettrons deux heures pour y arriver car dans cette zone il y a beaucoup plus de boue et de crevasses…La piste s’écarte un peu du fleuve et nous sommes en pleine forêt équatoriale… Nous arrivons un peu fourbus à la rivière sur les coups de 17h et le bac est en face… L’endroit est assez joli avec des pêcheurs et des enfants qui se baignent… Pas de réaction du bac en face malgré nos klaxons ! Entretemps, la deuxième voiture nous rejoint et un piroguier nous apprend que le bac est en panne…. d’essence ! Super Denis est prévoyant et annonce qu’il veut bien céder 10 litres de son jerrycan… Le bac arrive enfin et le chargement des deux voitures sur la barge prend du temps car il y a peu de place… A peine parti, suite à une fausse manœuvre du capitaine notre bac dérive, s’embourbe, et vient s’empaler sur deux arbres dont les traces montrent que ce n’est pas la première fois… Pendant 20 minutes, nous luttons avec le moteur, nos bras, le courant…pour tenter de nous dégager ce que nous faisons vers 18h… sachant que la nuit tombe à 18h30 et que nous avons encore 50km avant le deuxième bac et puis 70 derniers km pour joindre Impfondo !

Nous repartons pour ce troisième tronçon où il n’y a pas 300 mètres sans d’énormes trous et énormément de boues partout. Denis assure très bien. Plusieurs fois nous faisons des embardées dans les talus très feuillus…nous fermons les yeux, nous serrons les fesses et nous passons de justesse à chaque fois…jusqu’au moment où le deuxième véhicule qui nous suit s’embourbe…La nuit est totale, l’endroit est plus que boueux car nous ne voyons plus l’une des roues ! Le temps pour Denis de faire demi-tour, de manœuvrer une fois, deux fois, de sortir une pelle, une chaine et nous arrivons après 45 minutes d’efforts à les sortir de ce « bourbier »… Malgré le stress, la fatigue…l’ambiance dans notre véhicule est super car avec Cyrille, Monsieur Didier ,et le « petit » Gersile, nous nous mettons à commenter, comme à la radio, le combat que mène Denis notre chauffeur contre les éléments… C’est un fou rire quasi permanent ce qui nous permet de passer le temps, d’évacuer le stress, qui est omniprésent ! Nous n’arrivons pas à déconcentrer Denis, notre chauffeurhors-pair, qui rigole bien aussi… Nous arrivons en pleine nuit vers 21h au deuxième bac qui est…en face ! Un habitant nous apprend qu’il est en panne mécanique !! (aie aie aie) Une pirogue part avec le reste du jerrycan et deux membres du deuxième véhicule pour dans un premier temps, retrouver le capitaine et ensuite faire démarrer le bac. L’Attente commence… Deux choix : rester dehors au frais (relatif !) et être dévoré par les moucherons et insectes ou rester dans le véhicule qui sent le diesel serrés comme des sardines… Nous terminons nos vivres (un bout de pain et des cacahuètes) et nous attendons… vers 22h30, un villageois nous propose de s’asseoir sous son auvent où il y a un feu de bois…ce qui est très appréciable car nous sommes en débardeurs et la fatigue aidant nous avons un peu froid… Le feu éloigne un peu les moustiques et oh surprise vers 23h nous entendons un bruit de moteur poussif au loin…c’est le bac qui démarre. La rivière faisant un coude nous ne le voyons pas mais ce seul bruit suffit à nous redonner le moral qui est proche du niveau zéro. La joie est de courte durée car le bruit s’arrête au bout de 2 minutes… L’attente recommence…pour voir surgir à minuit nous deux « mécanos » qui nous apprennent que le bac ne fonctionnera pas cette nuit !!

J’ai oublié de vous dire qu’à cette endroit le réseau ne capte pas donc impossible de prévenir qui que ce soit…mais le fameux mais congolais…un villageois vient nous trouver pour nous dire que, de temps en temps, le réseau fonctionnait sous le manguier !!! Effectivement, sur 2 ou 3 mètres seulement, cela a marché…Nous avons réveillé le Père Lucien à Impfondo qui a sauté dans un véhicule (celui de l’évêque) pour venir sur l’autre rive (soit une heure de route !).

Il restait un problème majeur : traverser la rivière qui faisait 5OO mètres de large !!! Le temps de le dire et deux piroguiers amarrent ensembles deux pirogues où 5 passagers peuvent embarquer avec un minimum de bagages….ouf ouf ouf nous sommes choisis avec Cyrille, Gersile et un passager du deuxième véhicule…le temps de négocier le prix 2000 FCFA réduit à 1000 FCFA par passager (20 minutes !) nous voici dans les pirogues, dans un calme absolu, un noir total , une grande appréhension… c’est à la fois féérique et angoissant…heureusement nous sommes dans le sens du courant et le temps de traverser et d’accoster (15 minutes) nous avons la joie d’entendre un bruit de moteur…la voiture du Père Lucien….

Les 70 kilomètres restants comportent 60 km de goudron (quel luxe !!!, il y a quelques trous quand même) et nous arrivons à Impfondo à 2heures du matin…. Le repas nous attendait et le curé de la paroisse, le Père Matthias se lève et nous réchauffe les spaghettis avec une délicieuse sauce de légumes. Le Père Lucien ouvre une Primus fraiche, la bière locale et nous commençons à refaire le monde… Sans me prévenir qu’ils mettent toujours un piment dans les sauces, évidemment, je tombe dessus, l’avale et j’ai la bouche puis le corps en feu pendant 15 minutes…heureusement la bière éteint le feu et nous allons nous coucher à 3 heures dans notre logement définitif : un salon commun pour 2 chambres et une grande chambre avec un lavabo et douche ! Nous nous écroulons sur notre lit, après une toilette indispensable, même avec un filet d'eau, sachant que la messe, en français est à 9 heures du matin…..

Attentes, imprévus, secousses ,émotions de toute sorte, ….ont rempli notre voyage …cela permet aussi d’apprécier la chance ou les chances que nous avons en Europe de pouvoir aujourd’hui voyager sans soucis…Nous récupèrerons tous nos bagages le lendemain en fin d’après-midi, en Afrique ,il y a trois préceptes incontournables, le 1^er : Patience, le 2eme Patience, le 3eme : Patience…Même si une situation semble mal engagée, il s’agit toujours de se rappeler qu’il n’y a pas de problème sans solution….Mais quand même il y a des épreuves comme celle que nous venons de vivre dont nous nous passerions bien volontiers !

Le lendemain, dimanche, les cloches comme chaque jour sonnent à 5h30, annonçant la 1^ère messe en lingala, mais nous avons un sacré mal de crâne et nous nous levons à 8 heures, même si les chants résonnent comme si nous étions dans l’église ! Il faut dire que nous logeons à 2 pas de la cathédrale, juste à côté de la cour arrière du presbytère. Une truie se promène librement au milieu des poules et des canards, nous habitons en plein centre-ville, au beau milieu de l’avenue principale qui longe le fleuve sur 5km. Monseigneur Jean Gardin nous présente à la fin de la messe et nous saluons un grand nombre de personnes à la sortie, nous faisons aussi la connaissance des autres prêtres présents ! Il fait une chaleur écrasante et Elize a les chevilles et le bas des jambes toutes gonflées, il faut dire que les piqûres de la veille , si on les compte sont plus  d’une centaine, plus il  fait chaud et plus cela gonfle et plus cela démange ! Heureusement qu’Olivier , ami infirmier, nous avait préparé un carton avec tout ce qu’il nous fallait, mais il n’était pas encore arrivé.

très vite arrivent de nouvelles photos et les premières impressions d'impfondo

bises à tous

jb et elize

enfants de la rue rencontrés à la fondation Voix du Coeur à Bangui:

visite de l'école ste thérèse de bangui; un paradis floral!

jbaptiste co célébrant dans la cathédrale de bangui:

nous attendons le bac, en route pour bétou!

attente à Mongoumba pendant 4 heures pour cause de panne de voiture, avec "maki" l'hotelier du village!!!

sensibilisation à l'allaitement avec Béatrice de l'Uniceg, chez les pygméees:

jbaptiste jouant au grand père avec Grâce, enfant orphelin pygmée, sauvé de la forêt !:

elizabeth rencontrant une famille pygmée:

Samedi : veille du grand départ !!!

Nous venons d’apprendre que la voiture viendra nous prendre à 6h dimanche matin pour partir au Congo et être sûr d’arrivée avant la nuit….

Alors ce matin, nous faisons notre tournée d’adieux !!! Comme si nous étions là depuis 3 mois ! Sœur « Milou » directrice de la maternelle  Ste Thérèse nous fait découvrir sa superbe école qui est le paradis des plantes et d’une propreté incroyable… Fort caractère et très accueillante elle est directrice depuis 1967 !!! Nous rencontrons deux enseignants dont Elie qui nous raconte des histoires drôles …

Ensuite nous souhaitons revoir nos enfants de l’orphelinat rencontrés le premier jour et nous traversons la ville. Nous faisons un petit crochet au lycée St Charles… C’est l’heure de la récré…ils sont tous en uniforme bleu et blanc. Nous rencontrons un couple d’expats français envoyés depuis 15 jours par la DCC qui nous paraissent bien fatigués et déjà usés… Ne voulant pas rentrer dans leur sinistrose nous retrouvons nos chers sœurs de l’orphelinat qui semblent ravis de nous revoir…hélas les enfants sont partis se promener et seuls les bébés sont là dont une petite Rolande-Divine, trois jours qui a un destin extraordinaire : son papa sous l’effet de drogue a tué la maman qui en expirant a délivré sa fille… Aucune des deux familles ne voulant s’occuper du bébé, elle a été « déposé » à l’orphelinat…quelle triste histoire ! Nous la confions à vos prières ainsi que ses deux frères et sœurs…

Sur le chemin du retour, nous prenons notre premier minibus local où Elize se retrouve sur mes genoux pour retrouver Thomas à l’hôtel du Centre et profiter d’internet. Nous sommes toujours aussi bien accueillis et nous serons contents de le retrouver en janvier…

Je vous quitte pour rejoindre la cathédrale et la messe de 16h où Monseigneur m’attends… Je vais être en aube pour la première fois dans ce beau continent à qui je dois tant !

A bientôt…

Lundi 19 au soir, à Betou, Congo , au bord du fleuve…deux jours sans écrire et j’ai l’impression de vous avoir abandonné ! Cela veut dire que le temps passe et qu’il faut que je me dise que je ne peux pas tout raconter…

Petit retour à Bangui où nous avons eu une célébration très festive pour les 50 ans de sacerdoce de Mgr N’Dayen, premier évêque centre africain…il est en soins à Paris et nous tenterons de le rencontrer à notre retour. J’étais le seul diacre permanent avec 50 prêtres environs dont 45 africains. Une célébration bilingue, sango-française qui a duré deux heures avec bcp de chants, de danses, de couleurs et peu de temps de silence ! Cela s’est conclu dans le bel enclos paroissial du Père Francis par un pot de l’amitié où nous avons pu saluer tout le clergé et les sœurs de Bangui !

Nous nous couchons tôt, en regardant quand même un peu de foot avec Sœur Paula et le réveil est branché pour 5h 30. Et là nous attendons le chauffeur prévu pour 6h … qui n’arrivera qu’à 7h30. Nous pensions partir aussitôt mais nous avons pris deux autres passagers : Prudence, une secrétaire congolaise de l’entreprise Likouala Timber venue se faire soigner à Bangui et un toulousain : le contrôleur général de l’entreprise !! Un expat ayant vécu longtemps à Abidjan et qui est venu gérer la scierie de Betou… Notre chauffeur, Guy, semble maitriser la conduite et nous quittons Bangui, rassurés avec en prime 20 km de bon goudron…ce que nous reverrons qu’en 2012 je pense… Ensuite la piste est très « bumpy » avec un peu de boue et beaucoup de trous plus ou moins remplis d’eau. La roue avant gauche fume un peu et après avoir pris un bac avec la voiture, nous nous arrêtons à Mongoumba…charmante bourgade où nous allons passer 4 heures à attendre un autre véhicule envoyé par l’Unicef ! Heureusement que nous avions un tel satellite Thuraya pour appeler… Notre déjeuner se composera d’un faux coca et de 5 petits biscuits… Nous n’arriverons qu’à 20h30 donc de nuit, accueillis par la pluie, l’estomac creux et le moral en berne !!! Nous sommes accueillis par Dyle, diacre qui va être ordonné prêtre le 16 octobre prochain…le temps de poser les bagages dans notre très petite chambre : une table, une chaise, un lit et une douche sans eau… le chauffeur nous guide jusqu’au centre d’apprentissage ou Ismaël nous a préparé un repas de rois qui attend depuis 13h !!!

Nous mangeons rapidement et filons nous coucher dans une chambre humide et moite où il y a de l’eau dans des bidons pour tous usages….En se couchant nous avons hâte de découvrir Betou by day. Nous avons rdv à 6h pour les laudes…nous nous réveillons à 6h05 ce qui fait que nous arrivons juste à temps pour ce qui fait office de messe car il n’y a pas de prêtre cette semaine. Notre ami Dyle gère cela à merveille et nous présente très gentiment… La journée nous permet de découvrir le centre d’apprentissage et le staff, de nous mettre à jour avec le service d’immigration (ce qui ne prend que 10 minutes), de faire une bonne sieste. Elizabeth participe à la répétition de chants de l »équipe liturgique et Jb fait son premier foot congolais avec des enfants ! Une demi-heure suffit pour me mettre à plat ; le temps de boire un litre d’eau et Dyle me propose de rejoindre la place du village pour aller jouer au volley ! Trois passes plus tard, je suis appelé le professionnel !!! Sans doute ma grande taille les impressionne… L’ambiance est extra avec des militaires, des policiers, un arbitre dépassé par les évènements et une trentaine de spectateurs qui sont ravis dès que l’un des joueurs rate la balle … Un coup de fil du Père Lucien nous annonce que nous allons rester jusqu’à la fin de semaine et nous avons pas mal de choses à faire, à voir, à visiter …

Notre deuxième nuit congolaise est bien meilleure. Nous avons récupéré une deuxième petite chambre pour nous étaler et nous allons nous présenter à la communauté après avoir concélébré la prière du matin avec Dyle. A la sortie, idée à prendre en France, tous les participants s’attendent sur le parvis et se saluent les uns derrière les autres !!!  Cela fait chaud au cœur cette  convivialité !Pendant le petit déjeuner Dyle nous apprend qu’une voiture part pour la visite hebdomadaire des relais communautaires ! Il s’agit de deux membres de l’Unicef (une infirmière, un jardinier) qui sur une initiative des spiritains, ont créé 30 relais dans la province pour que les autochtones (les pygmées) apprennent lentement mais surement, quelques règles d’hygiène, de culture, de vivre ensemble… Il y a quelques bantous (congolais locaux) qui acceptent de vivre avec eux et de les accompagner dans ces changements. Nous visitons 4 relais dont le dernier est à 3  heures d’une piste très difficile… Chaque arrêt est une expérience humaine assez remarquable… A chaque fois nous sommes très bien accueillis. Béatrice, l’infirmière centrafricaine a une pêche d’enfer et par des danses, des chants, des histoires…elle passe les messages de sensibilisation. A chaque fois cela se termine par des applaudissements… Elle apprend les gestes qui sauvent, notamment le lavage des mains, la bonne méthode pour l’allaitement…C’est une grande joie pour nous d’expérimenter la solidarité entre africains et de sentir le besoin chez certains pygmées de vouloir évoluer. Ils acceptent, par exemple, de se sédentariser à plusieurs familles afin de permettre la scolarisation des enfants… Nous étions attendus pour le déjeuner à Betou mais nous ne sommes rentrés qu’à 16h30…après avoir visiter un centre pour lutter contre la malnutrition… A peine arrivés, nous avons le droit à notre première « palabre » « causerie » à la paillote du presbytère… Nous avions donné la possibilité à ceux qui le voulaient de nous rencontrer entre 15h et 17h…malgré notre retard…Hélène nous attendait ; puis Monsieur Jean s’est joint à nous… Il faut une heure d’échanges pour commencer à percevoir les difficultés de leur quotidien. Elize va rester avec eux jusqu’à la nuit !

Demain ?? Je dois aller rencontrer Ismaël pour parler pédagogie et nous allons faire un tour à la scierie où Prudence peut nous procurer un accès internet !!

Mercredi 21 septembre : un petit Coucou d’Elize :

Je me mets un peu à l’ordi pour vous donner un petit aperçu rapide de notre quotidien ces temps-ci, pendant que Jean –Baptiste coache Ismaël à la cuisine du centre d’apprentissage, où nous avons quinze personnes de l’ONG médecins d’Afrique en séminaire. Je me suis retrouvée à faire la mise en place du petit-déjeuner, nous sommes allés au marché où je notais les courses et les dépenses sur un petit cahier, pendant qu’Ismaël négociait ses achats ! je ne vous donnerais aucun détail sur l’étalage de viande et de poisson ,afin d’éviter de défaillir, j’essayais de me concentrer sur les légumes et les  fruits….tout Betou est au courant de notre arrivée et les sourires et les bonjours fusent des plus jeunes enfants aux plus âgés, c’est très convivial ici et les gens nous  accueillent vraiment très chaleureusement. En rentrant au centre, nous nous sommes  affairés pour que tout soit prêt pour le petit déjeuner des médecins. Il y avait une femme qui m’attendait pour un entretien d’aide, et elle est repartie une heure plus tard, ravie apparemment d’avoir découvert ses propres ressources à régler ses problèmes relationnels dans la bienveillance et la confiance. Ils viennent vers nous , croyant que nous avons des recettes toutes  faites à leur délivrer sans investissement de leur part, il s’agit maintenant d’approfondir cette confiance qu’il nous font pour les aider à devenir acteurs de leur vie, plutôt que d’attendre sans rien faire que cela tombe du ciel …Le nom de mon métier est vraiment ici encore plus qu’en France une difficulté supplémentaire à dépasser, car la plupart effectivement attendent des conseils, que cela soit de ma part ou de celle de Baptiste .Lui a quand même une part d’enseignement à donner, mais il s’agit de bien vérifier au fur et à mesure ce qui est compris et retenu et le feed back est drôlement important .Je vais aller maintenant aider à ranger le matériel de l’Unicef pour la rentrée scolaire , il s’agit de préparer des sacs avec cahiers bics et une ardoise par enfant. Nous irons plus  tard à la distribution de riz pour les  réfugiés de RDC qui sont très nombreux ici !

Il est 17h, nous sommes luisants de sueur et très fatigués à cause de la chaleur ! nous partons à la « timber » pour récupérer une ligne internet.

Malheureusement, ils n’ont pas accepté de nous donner le code d’accès wifi et nous n’avons eu qu’un tout petit peu de temps,  car nous bloquions un poste de travail et l’ordi ramait un maximum, nous allons chercher d’autres moyens avec le HCR (haut commissariat aux réfugiés) vendredi ! Nous  avons croisé deux médecins MSF qui nous ont invité à boire la tisane ce soir après le dîner : c’est l’occasion de discuter avec un pharmacien de Côte d’ivoire, une infirmière de Lamballe et un chirurgien anesthésiste de Lisieux .Leur maison touche presque la nôtre , mais la clôture empêche de se rencontrer, car en plus ils ne se  déplacent qu’en voiture , ils ne cherchent pas à avoir des contacts avec la population et se concentrent sur l’aspect professionnel de leur mission …

Jeudi  matin, Jean-Baptiste prêche pour la première fois, nous nous habituons à notre rythme matinal et avec le coq, nous n’avons plus besoin de réveil ! Nous profitons de notre dernier petit-déjeuner avec David le séminariste qui repart par bateau à Brazzaville pour sa rentrée début octobre. Les paroissiens passent lui dire au revoir et lui apportent des victuailles pour le voyage et pour agrémenter son retour au grand séminaire. Nous salivons devant son énorme pot de beurre de cacahuètes .Nous commençons à bien repérer les aliments que nous apprécions et ceux qui ne passent pas. J’ai plus de mal que Jbaptiste , qui se lance volontiers dans la découverte des saveurs différentes : le ragoût de singe, le tapioca et le manioc, bien sûr et d’autres légumes dont je n’ai pas retenu le nom en lingala ! Heureusement pour moi, je mange plusieurs bananes par jour, de la papaye,  une orange en  ce moment car c’est la saison et nous avons dégusté un excellent ananas hier. Sinon, je garde le conseil très sage du voyageur en période d’adaptation, du riz et encore du riz, avec du poisson s’il est frais , pour l’instant cela marche très bien ! Nous sommes allés  faire un grand tour ce matin, avec une visite des écoles catholiques , celle des bantous et celle des pygmées, qui sont côte à côte sans être mélangés, car les autochtones sont parfois maltraités par les autres enfants. Nous visitons la croix-rouge et partons vers l’hôpital des médecins d’Afrique, où nous sommes très bien reçus. Nous avons un choc de culture par rapport aux conditions sanitaires , mais les gens sont très ouverts et nous  échangeons longuement sur les campagnes de prévention, sur le suivi , l’accompagnement et les difficultés des femmes ici qui subissent énormément de violences tant physiques que psychologiques que sexuelles…le nombre de femmes enceintes ne baissent pas, sauf chez les femmes ayant reçu une éducation et qui acceptent d’espacer les naissances.  Nous évoquons  les résistances au changement de comportement et les blocages par rapport au dépistage du VIH et des autres IST..,Le psychologue aimerait que je vienne travailler avec lui, il est déçu d’apprendre que je repars samedi  à Impfondo . Je suis étonnée de voir ici combien les gens que nous rencontrons sont en attente de formation et sont prêts à me solliciter directement, moi qui croyais que peut-être j’aurais du mal à me rendre utile, me voici rassurée ! Nous repartons vers le centre d’apprentissage où Jean-Baptiste est très attendu, pour aider à l’organisation des commandes, qui s’accumulent. En l’absence des élèves, qui ne rentrent que début octobre, Ismael se retrouve bien seul pour faire face ! Aujourd’hui, il y a un séminaire de trente personnes de la Croix Rouge, qu’il faudra nourrir. Jean-Baptiste enfile son tablier et se transforme en commis, en cuisinier, en serveur ou maître d’hotel….Il en rit lui-même en pensant aux réactions éventuelles de  ses collègues du lycée hôtelier,.

nous filons au HCR (haut commissariat aux réfugiés) sous un soleil de plomb où un mr charmant nous connecte sur une ligne internet qui fonctionne du premier coup mais à 2km heure!!! c'est à peu près le rythme de la vie et du fleuve ici!!

nous partons demain matin samedi à 5h pour Impfondo où la route s'annonce éprouvante...priez pour nous, nos lombaires... et rdv au prochain numéro!!

merci pour tous vos messages et commentaires ...nous ne pouvons pas répondre à chacun mais le coeur y est...surtout continuez car cela nous donne le moral...

grosses bises congolaises

jb et elize

vendredi 16 septembre 2011, 8h du matin

Cela devait être notre départ pour le Congo ce matin mais…. (Il y a souvent un mais…) le moteur de la voiture du Père Lucien ayant grillé… c’est un chauffeur de la Likouala Timber qui viendra nous chercher dimanche…

Alors que faire dans une ville comme Bangui sans attraction touristique, musées …　?? C’est ce que vous allez découvrir en lisant le compte rendu de notre journée d’hier jeudi　:

Aller à la rencontre il n’y a que cela de vrai　!

Pour débuter la journée, une messe à 6h à la cathédrale avec le Père Francis　: une célébration simple, humaine, où nous étions presque les plus âgés　!! Ensuite nous avons prié Laudes avec les sœurs du centre d’accueil missionnaire et pdj à 7h avec café, lait, baguette locale, beurre et miel…puis départ vers 8h pour aller à la recherche du passé de JB à Bangui en 1985…

Cela commence bien, une voiture accepte de nous descendre vers le fleuve où nous apercevons l’ancien Sofitel .Nous y allons tranquillement en découvrant les activités qui règnent autour de l’Oubangui. Le fleuve a d’ailleurs donné son nom à l’hôtel où j’ai effectué mes premières armes il y a 26 ans… Nous y sommes très bien accueillis et je retrouve Jérémy, bagagiste recruté par mes soins à l’époque　!! Il y a encore 5 employés qui sont là depuis l’ouverture…

Nous avons le droit à la visite de l’hôtel et l’ascenseur, avec grande peine, nous monte au 11^{ème étage où nous avons une superbe vue.}

Ensuite direction l’hôtel du Centre (ex Novotel) où nous allons à la recherche de Thomas, qui était venu en France en 1986 et que nous avions reçu à Tilly un weekend …En chemin, un enfant essaie de nous vendre un cochon dinde pour 1000 francs CFA (1　,5 euros) La magie africaine fonctionne toujours car non seulement Thomas travaille encore mais il est là présent, en tant que directeur de l’hôtel　!!! C’est la joie des retrouvailles et d’échanger les nouvelles… entre autre de Matthieu qu’il a connu bébé　!! En un rien de temps, beaucoup de problèmes sont résolus　: change, déblocage de tél portable, accès internet…

Les deux vieux amis　:

Vers 15h nous allons à la recherche de Sœur Thérèse, alias sœur Bonbon, rencontrée le matin même et qui s’occupe des enfants des rues… Avec peine nous trouvons le restaurant chinois, le portail vert et le grand bougainvillier　; les 3 éléments reçus pour arriver à destination　! C’est l’heure de la sieste mais autour d’un café elle nous raconte sa vie, la réalité centre africaine et nous percevons un certain désespoir malgré une immense bonne volonté… Partageant notre envie de découvrir ces réalités, elle nous accompagne dans un centre où sont recueillis les enfants abandonnés. Il y en a 35 en ce moment de 15 jours à 15 ans…　! 4 sœurs africaines vivent avec ces enfants, sans assurance d’avoir les moyens de les nourrir la semaine prochaine… C’est l’heure du chapelet et aussitôt, nous voilà assis au milieu de la cour entrain de prier avec ces femmes toutes dévouées à ces enfants. C’est un moment de grâce que nous prolongeons en faisant chanter les enfants puis en proposant une partie de foot où les filles ne sont pas les moins douées　!!! Les enfants sont tous heureux et déjà deux d’entre eux semblent prêts à nous adopter　: Zacharie et Pierre Marie… Elizabeth craque et moi aussi d’ailleurs　!!!

Le chapelet　:

Leçon de foot pour Zacharie　:

Ma première équipe de foot　:

Une bonne suée plus tard nous allons découvrir le centre spiritain qui est juste à côté… Nous rencontrons le Père Yves Gautier, versaillais d’origine, mais présent en RCA depuis 1950　!!! Il est venu la première fois en bateau et voiture depuis la France　!!! Il est en plein mailing pour récupérer des dons afin de financer les médicaments pour le traitement contre le sida… Il s’occupe d’un dispensaire où ils suivent environ un millier de patients atteints du virus. A son tour il nous partage son expérience avec douceur, humour mais là aussi nous sentons que le délabrement du pays est un frein immense pour toute action entreprise…Nous le quittons vers 17h et il est temps de rentrer à pied rapidement car le soleil se couche à 18h et tout le monde semble d’accord pour reconnaitre que deux blancs ne doivent pas se promener dans la rue by night　!! Nous retrouvons la cathédrale malgré l’absence de plan de la ville (même dans les hôtels　!!) Nous retrouvons le centre d’accueil missionnaire, havre de paix où nous partageons le diner avec une sœur d’Uruguay, une autre italienne, un camerounais et un ghanéen… c’est cela aussi la mondialisation　!!! Encore beaucoup d’échanges autour de nos vies et engagements diverses…

Vers 21h, assez fatigués nous retrouvons notre chambre pour un bon dodo et nous rendons grâce pour cette excellente journée où nous mesurons la chance de vivre cette expérience… Vers minuit nous sommes réveillés par un déluge de pluie qui va durer jusqu’à 7 heures du matin… Assez impressionnant… Elize s’imagine déjà submergée par les flots, obligée de quitter sa chambre à la nage　!!! Notre gite est étanche et nous arrivons quand même à dormir jusqu’à 6h30…ce qui nous a fait rater la messe de 6h　!!!!

Ce matin vendredi, nous restons au calme, à écrire, lire avant les prochaines rencontres prévues ou imprévues… Un coup de fil du Congo nous confirme notre départ dimanche mais d’ici 48h il peut se passer tant de choses….à bientôt　!

Il est 5heures (17H), Bangui se réveille…il est 5 heures et j’ai sommeil…la journée s’achève et nous sommes bercés par les chants qui nous viennent de la cathédrale voisine (il y a une grande célébration demain à 16h pour les 50 ans de sacerdoce du premier évêque centre africain.

La journée fut moins dense que celle d’hier　! Cela tombe bien car nous nous sentons un peu fatigués. Sœur «　bonbon　» est venu nous chercher vers 10h pour aller rencontre les membres de La Voix du Cœur… Sur le terrain de l’ancien centre culturel français (détruit par les émeutiers il y a 12 ans environ), se trouve désormais un centre d’accueil pour les enfants de la rue. Sœur «　bonbon　» en est la trésorière et nous présente à Ange-Anatole qui est le directeur. Pendant une petite heure celui-ci nous décrit le fonctionnement du centre, la réalité des enfants, les soucis matériels en tous genres, les fonctions de chacun… C’est assez irréel, de voir en plein centre-ville, sur ce que nous appellerions un terrain vague, comment 50 enfants de 4 à 18 ans, avec une dizaine «　d’encadreurs　» arrivent à vivre ou plutôt «　survivre　»… En toute liberté, nous allons à la rencontre de ces enfants, qui osent nous poser des questions, qui adorent danser et chanter avec nous et pour qui le plus grand plaisir est de poser devant notre appareil photo et de se contempler ensuite　! Vous ne verrez que deux «　poses　» ci-dessous　! Nous avons aussi l’occasion de rencontrer Monsieur Marc un de leur instituteur qui vient aussi nous servir de traducteur car le niveau de français est parfois insuffisant pour oser s’exprimer. Le courant passe vite entre nous… et au fil de la conversation nous sentons que nous sommes un peu comme un rayon de soleil dans leur vie si grise.

Ils ont tous les cheveux rasés pour éviter les poux et autres maladies. Ils sont en autonomie pour se laver ainsi que leur vêtement… ils savent simplement qu’ils peuvent trouver un lit, un repas, une oreille pour les écouter, une infirmière pour les soigner (mais sans grand moyen), un instit pour les alphabétiser… Il y a beaucoup d’enfants qui retrouvent souvent la rue mais aussi de très beaux exemples de «　reconversion　» réussies…

Nous les quittons avec tristesse, en refusant le match de foot car je ne me voyais pas finir tout rouge sur un terrain de boue sans pelouse　!!! Je ne suis pas encore complètement africanisé　!!!

En début d’après-midi nous retrouvons les bureaux de la Likouala Timber, ce qui nous rassure un peu pour notre transfert vers le Congo… Nous avons Mgr Jean Gardin au tél (notre évêque d’Impfondo)…il nous attend toujours　! Nous voilà rassurés. Alors vivement demain　!

 ps:pb technique: les photos ne sont pas là....soyez patients! nous allons y arriver la prochaine fois!

bonjour à tous...

un grand merci pour vos nombreux messages d'encouragement qui nous aide beaucoup dans cette période d'avant départ . Nous avons eu la chance de recevoir Monseigneur Jean Gardin à la maison...ce fut un grand moment de convivialité, d'échanges et nous en sommes ressortis ultra motivés pour notre mission... 

Notre arrivée à Bangui est désormais organisée avec 2 jours pour découvrir cette ville où nous serons logés au centre d'accueil missionnaire et où nous partirons le vendredi 16 septembre pour Betou, ville congolaise, la plus proche de la Cente afrique...ensuite selon la météo...fin du trajet pour Impfondo en pirogue ou en 4x4....mais cela nous vous le raconterons plus tard!!!

Pour les dinardais...malouins...et habitants de la région....et les autres, nous vous invitons le :

                      dimanche 11.09.2011 à la messe de 11h à l'église notre dame de dinard

où sera célébrée une messe "d'envoi en mission" par le Père Yves Marie Couet, nouveau curé de Dinard...

à l'issue de la célébration, vous êtes conviés au pot de l'amitié pour nous embrasser une dernière fois pour 2011!!!

Nous avons le droit d'emporter 80kg de bagages...si par hasard, vous avez chez vous du matériel de physique/chimie qui traine, nous sommes preneurs...en particulier un microscope...Les spiritains gèrent la bas un centre d'apprentissage et ils n'ont pas beaucoup de matériel....

Beaucoup se demandent  où est Impfondo:

voici un lien qui vous donnera quelques infos...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Impfondo

N'hésitez pas à réagir à notre blog quand nous serons sur place ...

Avec toute notre amitié.

Elizabeth et jean-baptiste.