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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 17:47

Il y a du monde au bout du monde !!!

            Mardi 25 octobre…

Nous voulions appeler notre article : « voyage au bout de l’enfer »…comme nous avions déjà utilisé ce titre, nous en avons choisi un autre pour vous raconter les cinq jours que nous avons passés, la plupart du temps en pirogue, en mission pour l’Unicef.

De quoi s’agit-il ? Pour la rentrée scolaire l’Unicef a décidé, cette année de distribuer un kit scolaire (cahiers+ bics + gomme+ règle + ardoise) à chaque enfant scolarisé dans la province de la Likouala soit pour plus de 50 000 enfants… L’Unicef a donc envoyé des containers à Brazzaville pour cela mais ensuite…. Qui va acheminer l’ensemble à plus de 1000 km de là…qui va mettre dans des sacs en plastique les différents articles et surtout et enfin qui va distribuer les kits dans chaque école et comment ??? Aucun organisme ou société congolaise n’est capable de faire cela et n’a la logistique nécessaire… Il n’y a que la foi qui sauve et seul le Père Lucien (missionnaire spiritain), en accord avec l’évêque, a pris la décision de relever cet immense défi ! Etant responsable de la pastorale des « autochtones » (pygmées) il connait le terrain qui rappelons-le est plus grand que la Bretagne et qui n’a que 150 km de goudron…une école sur deux n’est accessible qu’en pirogue ! Il a accepté pour quatre raisons :

·        Ces kits sont nécessaires pour les enfants et aide à la scolarisation

·        C’est une belle mission pour l’église catholique

·        Cela permet aussi de rencontrer les autochtones

·        Le diocèse est rémunéré pour cette tâche et cela fait vivre pas mal de monde…

Bref, tout le monde est gagnant mais ce n’est pas si simple… Quand Lucien, il y a 10 jours m’a gentiment proposé de « faire un axe » pour la livraison des kits, il m’a présenté cela comme étant une belle balade en pirogue pendant 5 jours dans des conditions un peu spartiates !  Comme cela faisait 4 semaines que nous étions à Impfondo et que nous n’avions pas beaucoup bougé ; après une discussion avec Elize, nous avons accepté !

            Nous sommes partis jeudi dernier à 8h du matin, en route pour Epena, avec Monseigneur, qui lui partait pour Bouanela (autre axe !). La veille, j’avais passé trois heures avec Lucien pour comprendre tous les documents que j’avais à remplir dans chaque école et avec chaque intervenant… Nous avions rendez-vous avec deux pirogues déjà chargées, le jeudi matin à Mattoko. Nous arrivons vers 10h et là, première surprise, point de pirogues…nous apprenons qu’elle est à Epena à une heure par le fleuve… Heureusement c’est accessible par la route et nous retrouvons Epena (où nous étions pour l’ordination 5 jours plus tôt) et notre pirogue avec Ulrich, notre pinassier (barreur de la pirogue) et Papa Hervé (un catéchiste qui sert d’éclaireur à l’avant de la pirogue)…Le temps de charger nos bagages et nous partons avec plus d’une tonne de matériel sur notre frêle esquif.

Photo 1 :

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Nous ne devons pas trainer car nous avons un minimum de 5 heures de pirogue pour atteindre Mokengui où nous devons retrouver Clément, le responsable local des autochtones qui va nous assister pour notre mission… Entre temps nous avons 3 villages à approvisionner : Bokatola, Makengo et Mabongo…

Les paysages sont magnifiques et nous naviguons sur une vaste étendue où il bien difficile de repérer la rivière car il n’y a aucun relief et tout est inondé (la télé parle beaucoup de la Thaïlande en ce moment mais ici c’est pareil car nous voyons beaucoup de toit au ras de l’eau !!) Notre pinassier nous apprend que cette année, le niveau de l’eau est très haut et que plus de la moitié des cases sont inhabitables ! Quand nous naviguons, il nous faut être vigilant à tout moment, afin d’éviter une liane, une branche ou un tronc, nous penchons tantôt à droite tantôt à gauche et parfois même il faut s’allonger complètement, cela ne nous a pas empêcher d’avoir quelques bobos à l’arrivée ! Nous slalomons dans les roseaux, herbes, arbres et végétation en tout genre :

Photo 2 et 3 :

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Vous raconter tout chronologiquement serait un peu long pour moi ( !) et fastidieux pour vous ( !) alors nous allons nous contenter des anecdotes plus ou moins roses de notre aventure :

·        Nous avons retrouvé Clément le premier soir avec difficulté car alors que je demandais après lui, un homme charmant s’est présenté et j’ai cru, pendant une heure que c’était lui. Nous avons fait la distribution des kits et puis, pour suivre les consignes du Père Lucien, je lui ai dit que j’aimerais lui donner son indemnité tout de suite ainsi que le sac de médicaments lui étant destiné… Au moment de signer le reçu, il me dit qu’il ne s’appelle pas Clément et qu’il est le chef du village !!! Heureusement la méprise n’a pas eu d’incidence et Clément a surgi à ce moment- là !!!

·        Nous avons vécu un petit enfer la première nuit ! Lucien m’avait dit : c’est Clément qui s’occupera des couchages et des facilités (eau+ toilettes) pour les nuits…Nous sommes arrivés à la nuit tombante, en pirogue, à deux mètres d’une case en dur et mon Clément s’affale dans un fauteuil… je lui demande où mettre notre tente sachant que la nuit était là…en ronchonnant il me dit que je peux m’installer dans le salon de la case !!! en fait, sur un sol en ciment, dans une case qui était entourée d’eau sur les 4 cotés !!! Evidemment, il y a plein de choses dans le salon, il fait très très sombre et très très chaud et nous n’avons qu’un petit matelas de campeur d’un centimètre d’épaisseur ! Bref après avoir avalé une boite de sardines, un morceau de pain et une banane nous nous couchons dans une moiteur quasi insupportable…nous n’avons pas du dormir plus de trois heures cette nuit-là !

·        Parlons désormais de nos accompagnateurs : Ulrich notre pinassier s’est révélé être un soulard de première ! Le deuxième jour alors que nous avons eu une grosse pluie (trois heures environ sans moyen d’accoster) il s’était arrêté le matin pour acheter un bidon de 5 litres de Toko (alcool de mais local)… Pendant la pluie, alors que nous étions sous nos capes de pluies, nous ne nous sommes pas retournés mais nous avons appris plus tard qu’il avait éclusé trois litres !!! Bref, alors que nous devions arrivés vers Mbeti pour notre deuxième nuit, nous avons rattrapé une autre pirogue à moteur (ce qui est rare…nous n’en avons vu que deux en cinq jours !). Notre pinassier est tombé à l’eau ! nous pensions naïvement que c’était pour réparer le moteur… Ensuite nous cognions les arbres un peu plus que la normale… heureusement l’autre pirogue s’est aperçue de l’état de notre pinassier et a « dépêché » quelqu’un qui est monté avec nous… Trempés, nous avons atteint Mbeti où les enfants du village étaient morts de rire en voyant notre pinassier tomber quatre fois dans 30 cm d’eau lors du déchargement de la pirogue ! Sur quatre jours d’expédition, il a été saoul deux jours

·        Maintenant parlons de Clément, censé être notre bras droit ! Avant de le « descendre » poliment, je tiens à préciser qu’il souffrait d’une rage de dents ! C’est un géant d’1m95, de RDC, célibataire qui a fait plein de métiers et qui désormais s’investit pour l’alphabétisation des autochtones…C’est aussi un beau parleur, très paresseux que je n’ai pas vu porter un seul sac du voyage et encore moins compter les kits que nous distribuions…Bref, nous comptions beaucoup sur lui et lui ne se préoccupait pas de rien…

·        Enfin, papa Hervé, le catéchiste !!! Un homme de 50 ans, adorable, assez drôle et très bon vivant et très serviable… Bref un homme de confiance les deux premiers jours…mais (vous savez désormais qu’il y a toujours un mais !) le troisième jour il a disparu de 10h du matin à 20h le soir !!! Alors que nous avions 4 heures de marche pour approvisionner le dernier village, Mbandza, accompagnées par des femmes « pygmées » qui portaient et leur enfant et une charge de 40 kilos environ  !!

Photo 4 et 5:

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Nous avons attendu une heure une petite pirogue pour traverser une rivière où il y avait plus d’un mètre de profondeur et notre papa Hervé a rencontré sa belle-sœur…Visiblement émoustillé à sa vue, alors que Clément lui faisait la morale en riant en disant que c’était de « l’abomination » il s’est évaporé…

Alors que la nuit était tombée depuis longtemps et que nous envisagions de partir sans lui le lendemain à 6h…il est apparu accompagné du chef du village qui l’a retrouvé « en divagation » mais surtout dans un état d’ébriété avancé !!! Après l’avoir « enguelé » je l’ai envoyé au lit en lui donnant rdv à 5H30 pour charger la pirogue et un départ à 6h ! Evidemment, à 6h le lendemain notre fêtard dormait et c’est le pinassier, que je cherchais partout qui est allé le réveiller !!! Papa Hervé se pointe à 6H10, « la tête dans le sac » accompagné d’une femme !! En prenant son air de chien battu, il me demande de la transporter jusqu’à Epena !!! Pas gonflé le gars !!! Je ne me suis pas énervé et sachant que nous avions refusé de faire l’autobus depuis trois jours je n’ai pas accepté sa demande…Je l’ai quand même embarqué car nous avions besoin de lui pour guider notre pinassier !!!

            Tout cela pour vous dire que notre « croisière sans souci » s’est révélée une source de stress où il fallait gérer trois adultes au comportement d’enfant !!!

·        Il y a quand même eu de bons moments : en particulier, le dernier village de Mbanza où l’accueil de la population fut extra ordinaire !!! En chemin déjà, une vingtaine de garçons de 8 à 15 ans sont venus à notre rencontre et ont chanté la dernière heure du chemin…à l’arrivée dans le village ce fut 300 enfants et sans doute plus qui nous attendaient, chauffés par leurs deux enseignants…Cela chantait, dansait, criait, en français, en lingala…mais quelle ferveur et quelle joie de leur part et de la nôtre !!! Enfin un peu de reconnaissance car depuis trois jours nous avions rencontré beaucoup de gens qui non contents de recevoir des kits gratuits pour leurs enfants, nous réclamaient toujours quelque chose en plus et ne nous remerciaient pas !

Photo 6, 7,8 ; 9 :

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A Mbandza, tous les désagréments furent vite oubliés en vivant une heure de bonheur intense. La distribution d’abord dans un vacarme étourdissant puis un long moment de danse, chants et pitreries avec les enfants qui me suivaient en cadence…Hélas il était impossible de prolonger ce bon moment car nous avions le chemin du retour et un peu de pirogue pour le soir ! Ils nous ont accompagnés un long moment et leurs cris de joie résonnent encore dans nos cœurs.

·        Un autre bon moment fut une pause dans un hameau où vivaient deux ou trois familles. Leurs offrandes d’oranges et de délicieux pamplemousses fut un instant de bonheur partagé. Nous étions accueillis de façon simple, alors que chacun vaquait à ses occupations…

·        Nous avons eu la chance aussi de voir des paysages superbes ( des cathédrales de verdure) et nous n’avons jamais trouvé le temps long sur la pirogue tant cette impression de bout du monde était prégnante…

Photo 10 :

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 De la route à Mbandza il y a 8 heures de pirogues à moteur et deux heures de marche à pied…soit deux jours minimum…pour les pirogues sans moteur (c’est-à-dire 99% de la population) il faut compter 4 jours pour atteindre ce village de plus de 1000 personnes… Ces personnes vivent là de la pêche, de quelques plantations (manioc principalement) et de la végétation (oranges, bananes...) dans un milieu inondé 6 mois sur douze, où il n’y a pas de réseau de téléphone… Sont-ils heureux ? Nous n’avons pas la réponse à cette question…une chose est sûre malgré la beauté de la nature, nous avions hâte de retrouver Epena dès le dimanche soir !!

·         Là nous avons été accueillis par le Père Hervé qui nous a reçu avec une extrême gentillesse dans son presbytère. Nous avons apprécié la qualité des sanitaires et pris notre première douche depuis 4 jours !

Photo 11 :

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Le Père Hervé est un vrai « pasteur » qui a trente cabris et un beau poulailler !!

Photo 12 :

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·        Lundi, nous avons tranquillement attendu Monseigneur en allant faire un tour au marché. Elize a refusé d’acheter du crocodile…

Phot 13 :

 

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mais j’ai trouvé un beau pantalon en lin à 4 euros !! Il m’en fallait un pour le mariage du préfet prévu le 17 décembre prochain !

 

Nous avons été visiter un centre d’apprentissage à Epena tenu par des sœurs très sympa. Nous avons rencontré les 5 classes présentes et avons pu discuter avec tous les enfants.

N’ayant pas la patience d’attendre Monseigneur, Elize a voulu affréter un camion mais il n’a jamais démarré :

Photo 14 :

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Une note d’humour pour conclure cet article…depuis 48h nous dormons beaucoup car nous sommes très très fatigués…Nous sommes arrivés lundi soir à 20h, de nuit, sous la pluie, à Impfondo et avons été ravis de retrouver notre chambre  qui nous a paru un 4 étoiles !!!

Demain, Elize va retrouver ses « petits » à la maternelle et je commence mes cours au centre d’apprentissage en « restauration » !!!

 

Grosses bises à tous et bonnes vacances de toussaint à ceux qui en ont !

 

Jb et elize !

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commentaires

A
<br /> Que de plaisir à vous lire et quelle expèrience incroyable....vous n'etes pas prêts d'oublier ces moments si riches! Merci, on attend les prochaines avec impatience... Alix et Thomas<br /> <br /> <br />
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J
<br /> mercide ns faire partager ces mois que vs mettez au service de ces populations africaines bravo pourtant de patience et d'amour pour toute cette jeunesse j'ai toujours admiré votre belle famille<br /> avec le regret pour YVES 'etre loin de vous et de vos conseils<br /> courage et bravo<br /> la maman Dd'YVES<br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> merci et bonjour à manosque de notre part<br /> <br /> <br /> amitiés<br /> <br /> <br /> jb et elizabeth<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Coucou les africains !!!<br /> que d'aventures !!!!<br /> je pense que vous ne serez pas prêts d'oublier toutes vos pérégrinations !!!<br /> la vie à Dinard vous semblera peut être un peu calme par la suite !<br /> bisous<br /> Sophie et Jean<br /> c'est très interessant de vous suivre pas à pas<br /> bravo pour tout le temps passé à écrire<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Élize et JB,<br /> <br /> Me suis régalée de cet article, c'est tellement l'Afrique, celle que personne ne connaît à moins de la vivre de l'intérieur....<br /> Sacrée aventure que ces 4 jours !! Heureusement qu'au bout du compte il y a tout cet amour incroyable et ces rires si caractéristiques qu'offrent les plus démunis...<br /> Je vous embrasse<br /> Bonne Toussaint<br /> Camille<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonjour à tous les deux !<br /> <br /> Un petit mot pour vous dire que nous sommes captivés par vos aventures parfois rocambolesques. Elles nous donnent l'impression que notre vie parisienne est très banale. Là-bas, c'est un autre<br /> monde, où la nature n'est pas toujours sympathique, où les hommes sont souvent imprévisibles et où les évènements prennent souvent un tour extraordinaire. Elles nous font relativiser nos petits<br /> incidents de bricolage ou les comportements de nos collaborateurs. Bravo pour votre comportement toujours patient et à l'écoute. Bravo pour votre capacité à dire OUI à chaque nouvelle mission ou<br /> chaque nouveau projet. Bravo à Elize qui arrive à dire NON à la viande ou au crocodile, ou qui se protège un peu des scorpions. Merci pour vos photos extraordinaires, de célébrations, de<br /> rassemblements, de matches de foot ou de traversées en pirogue. Merci de nous faire réfléchir et rêver et à bientôt dans votre prochain article ! Nous vous embrassons affectueusement !!!<br /> <br /> Anne-Christine, Arnaud, Jean, Clémentine, Capucine et Paul<br /> <br /> <br />
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