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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 12:46

Egalité, liberté, fraternité : le Congo progresse !

Lundi matin 3 octobre :

Nous partons avec Monseigneur au FIPAC (forum international des populations autochtones congolaises) pour assister à une conférence prévue à 10h30, sur le thème : application de la loi du 25 février 2011, qui reconnaît les Pygmées comme étant égaux en droit aux congolais bantous.

Les bâtiments sont démesurés, depuis 3 ans en travaux, vraisemblablement jamais finis, l’argent ayant été utilisé ailleurs, comme souvent ici ! La salle est immense, comprend au moins mille chaises. Nous arrivons à 10H35, seuls deux conférenciers sont là. Nous attendons un peu, puis nous allons saluer les populations locales, visiter le village autochtone à côté,  et admirer l’école qui n’attend que les tables et les bancs, ainsi que l’instituteur pour commencer l’année scolaire ! Les enfants très nombreux attendent et viennent à notre rencontre, ravis de retrouver «  Monseigneur ».Nous retournons vers la salle de conférence, trois sénateurs sont arrivés et à peu près deux cent pygmées(Les hommes, d’un côté, les femmes et les bébés de l’autre) sont assis et attendent patiemment que cela commence : il parait qu’il pleut à Impfondo et comme d’habitude, la vie s’arrête…Nous attendons un générateur pour la sonorisation et que le président du conseil général arrive. Les journalistes nous filment, nous sommes installés au premier rang avec les VIP. La jeune étudiante, qui passe cette année son doctorat  en droit nous fait patienter en nous distribuant le texte de la loi : de très petite taille, charmante, rayonnante, très élégante avec ses talons aiguille, ses bijoux et sa très jolie tenue, elle s’exprime en français et tient à marquer l’auditoire, afin de leur démontrer par ce qu’elle est devenue, que tout est possible pour les jeunes pygmées qui seront assidus à l’école ! Le plus ancien des sénateurs ouvre la séance à midi (1H30 de retard, c’est courant ici !), et félicite chaleureusement notre jeune conférencière pour sa réussite et le bel exemple qu’elle représente pour son peuple, elle est très applaudie ! Nous tendons l’oreille, car le générateur est enfin arrivé, mais ils ont oublié les fils et la rallonge pour les micros ; le micro marche enfin à 13 heures, l’écran arrive pour le film annoncé, mais il n’a ni pied, ni crochet et le vidéoprojecteur ne servira donc pas….La conférencière reprend chacun des 48 articles de la loi, ses propos sont traduits en lingala et en Baaka (patois pygmée°) Nous nous accrochons pour ne pas  nous endormir, heureusement ,il y a un petit courant d’air, les odeurs « de la forêt » sont fortes, dès qu’il y a une concentration humaine…Le mot « pygmée » désormais ne doit plus être utilisé, car il est considéré comme une injure, et nous pourrons être poursuivis si nous l’employons maintenant. Le terme autochtone est employé à la place, même si nous le fait remarquer une femme issue de ce peuple, ce ne sont pas tellement les mots qui comptent, mais les changements de comportements et d’attitudes.

 Les populations autochtones doivent être accueillies et considérées comme des personnes ayant les mêmes droits que les bantous . A l’hôpital, à la police, dans toutes les institutions, les autochtones doivent être pris en compte dès leur arrivée, et non pas avoir à attendre que les bantous soient passés avant eux, au risque souvent d’avoir à attendre le lendemain, si l’heure de fermeture des bureaux sonne ! Aujourd’hui ils doivent faire des démarches pour être inscrits à l’état-civil, avoir une carte d’identité et pouvoir ainsi voter, comme tout citoyen ! Il faut savoir que jusqu’ici, les propriétaires avaient le droit de vie ou de mort sur « leurs pygmées » : Ils disent ici facilement  « j’ai 10 chèvres, 5 poules, 3 pygmées… »Aujourd’hui, tout acte dégradant, ne respectant pas l’intégrité physique ou morale des personnes autochtones devra être sévèrement puni. Jusqu’à maintenant, la vie d’un pygmée ne valait rien ! La conférencière insiste, s’adressant directement à ses frères : « si le maître te blesse ou tue l’un d’entre vous, il doit être arrêté, ne reste donc pas inactif, tu peux porter plainte, dénoncer ce mauvais comportement et demander réparation ! »Elle évoque l’interdiction de l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants autochtones. Les mariages mixtes n’existent pas ici : une bantoue ne se mariera jamais ou ne se mettra jamais en couple avec un homme autochtone. Par contre, il semblerait que des bantous peuvent avoir des relations sexuelles avec une femme autochtone, sans  reconnaître cette liaison !

La traductrice en lingala rend hommage à l’Eglise catholique, qui s’investit énormément pour soutenir l’éducation et l’alphabétisation des populations autochtones dans toute la Likouala. Elle veille à ce qu’il n’y ait pas de discrimination à l’école et à créer une certaine solidarité entre élèves ; elle insiste fortement et encourage les parents à pousser les enfants à aller à l’école et déplore le manque d’assiduité et d’engagement dans la durée. En même temps, ce peuple est nomade et les avantages de la sédentarité sont difficiles à accepter ! Dans l’école technique des sœurs nigériennes (section couture et ouverture d’une section d’hôtellerie-restauration cette année avec JBaptiste), la classe comprenait 23 Jeunes filles autochtones en début d’année 2010, elles n’étaient plus que 3, quelques mois plus tard !

Les autochtones doivent avoir les mêmes droits que les bantous, en ce qui concerne le travail, la formation, la propriété, : Cela n’est guère évidemment, car ils n’ont pas d’argent pour acquérir un titre de propriété, ni de passeport et les populations ont l’habitude de circuler librement même à l’étranger (par la forêt).On évoque aussi la défense des différents droits civils, politiques, culturels, à la santé et à l’éducation, au travail et la défense de leur environnement.

Un sénateur prend la parole pour conclure : « Un Congo fort doit intégrer les populations autochtones comme une richesse Bantous et Autochtones doivent se regarder comme des frères et non pas comme oppresseurs et opprimés ! Personne ne doit être propriétaire d’un autre ! »Voilà de belles paroles à mettre en pratique, mais la réalisation et l’application de cette loi, c’est une autre affaire ! Comme l’indique une femme dans l’assistance, il est bien dommage que les grands absents de cette conférence, qui devraient entendre et faire appliquer cette loi, soient les représentants des diverses institutions, comme la police la gendarmerie, la mairie, l’armée, l’hôpital…

Nous avons ensuite le temps des questions, qui seront plutôt des commentaires et des réactions passionnées, heureusement, le sénateur qui anime est prévoyant et n’accorde que deux minutes par intervenant (12 preneurs de paroles, cela fait encore une demi-heure( ! Nous sommes épuisés et affamés, il est 15heures, lorsque la séance est levée ! Nous sommes invités à enchaîner avec un apéritif, que nous déclinons poliment, car le directeur du HCR (haut-commissariat aux réfugiés) nous a donné rdv à 15h30 !

Nous repartons un peu décontenancés, mais heureux d’avoir été témoins de cette belle page d’histoire du Congo : La déclaration universelle des droits de l’homme, 222 ans plus tard, est enfin parvenue jusqu’aux forêts du Congo avec cette loi de février 2011, mais entre les textes et la réalité, il y a encore un long chemin à parcourir, pour que l’esclavage disparaisse complètement et que l’on puisse voir les fruits de cette évolution, sans doute au moins deux générations seront nécessaires !

3 photos ou vous pouvez découvrir Elizabeth en train de lire assidument la nouvelle loi. Mais aussi le podium des intervenants avec les journalistes qui les filment en permanence !!:

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commentaires

M
<br /> Coucou,<br /> ce soir (dimanche 9 octobre) je vous lis avec plaisir avec ernest sur les genoux qui a un hoquet frénétique et gazouille aux sons des touches. je decouvre vos conditions de vie plutôt sommaires,<br /> vous êtes bien courageux. j'ai hâte de connaitre les prochais resultats de foot et longue et heureuse vie à Peguy et Nesie !!! un grand bonjour à Monseigneur, cette rencontre a Dinard nous a bien<br /> marqués. mille bises, on pense a vous tous les jours. pierre, mathilde et ernest.<br /> <br /> <br />
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